Photographie et bricolage : je t’aime, moi non plus.

… les petites hérésies photographiques d’Eric LaGuarda…

 

Je vous plante en quelques secondes la situation :

  • d’un côté les farouches partisans de la technologie moderne, qui n’hésiteront pas une seconde à se ruiner pour acquérir le dernier boîtier 3500 Méga pixels équipé domotique (vous photographiez votre lave-vaisselle, il se déclenche aussitôt et envoie, via votre appareil photo, son image, ses paramètres de lavage internes et sa position GP directement au site de son constructeur),
  • de l’autre côté, les bricolos enragés qui, avec une boîte à chaussures percée, du fécule de pomme de terre, du liquide vaisselle, des halogènes de chantier et un vélo équipé de 12 dynamos, vont recréer la magie du Studio Harcourt à un coût avoisinant celui d’une boîte de petits pois à la supérette du coin…

Puis vous vous souvenez de la tronche de votre banquier la dernière fois qu’il vous a convoqué, puis de la ravissante frimousse de votre copain/copine en train de vous expliquer, un hachoir à la main, que payer EDF, ca sert aussi à se doucher à l’eau chaude…

 

C’est décidé, une fois le hachoir reposé sagement dans le tiroir, vous choisissez le clan des bricolos.

 

« Le bricolage, ca ne peut pas remplacer les solutions professionnelles »

Bon, malheureusement, si : le bricolage peut donner un résultat similaire à ce que l’on aurait fait avec du matos pro.

Mais pas pour tout, pas partout et pas tout le temps… sinon, qui payerait pour des solutions à plusieurs centaines ou milliers d’euros ?

 

Quelques exemples de là où ca marche très bien…

Les accessoiresFond papier de studio

Combien de pros ont un jour bricolé un réflecteur avec un bout de polystyrène ou un drap blanc fixé sur un paravent ? Tous.

Combien de photographes ont fait le calcul entre un fond papier (2,75x11m, compter un minimum de 50€, à jeter au fur et à mesure qu’il se salit) et une pièce de tissu achetée en low cost (3x5m, compter 35€ jusqu’à ce que le tissu tombe en charpie) ou une chute de linoleum (quasi-éternel) ? La plupart.

Quelle différence au final sur la photo réalisée ? Quasiment aucune. Vous verrez en fin d’articles quelques photos réalisées avec des fonds à 2 balles, ca vous permettra de vous faire une idée du rendu…

 

Le gaffer

Le gaffer
Le gaffer, c’est l’ami de tout photographe, de tout reporter et de la quasi-totalité du monde du spectacle.

Cet adhésif repositionnable va vous aider à fixer votre plaque de polystyrène ou votre fond de tissu, vous allez pouvoir coller votre flash déporté sur le poteau d’à côté, en faire du double face en le roulant sur lui-même pour fixer la cape récalcitrante de la modèle à sa ceinture, plaquer les fils électriques au sol pour éviter qu’on se prenne les pieds dedans…

Vous l’avez compris, même si vous possédez un matériel respectable, le gaffer vous sera toujours utile. Y compris dans votre studio, où, loi de Murphy oblige, un accessoire à la con aura bien l’idée de rendre l’âme en pleine séance…

 

 

Le truc à la con qui ne prend pas de place

En vrac : la mini lampe de poche, un jeu d’épingles à nourrice, des élastiques, un bout de voilage blanc, ciseaux et cutter (attention à l’aéroport)… Chaque objet est là parce que la fois d’avant, son absence vous a fait cruellement défaut…

Là où ca marche nettement moins bien…

 Le matériel d’éclairage

Remplacer un flash de studio et sa boite à lumière par un halogène de chantier muni d’un gradateur, effectivement, ca fait baisser les coûts. Ca fait également augmenter la température. Mais pas que…

Vous pensez sérieusement que vous aurez la même qualité de lumière ? Le même modelé, la douceur qu’il vous faut dans les ombres ?

Attention. Je ne veux pas dire qu’on ne peut pas faire de bonnes photos avec ce type d’éclairage. Quand j’ai repris la photo, c’est tout ce que j’avais… Je veux simplement souligner le fait qu’on aura un type d’éclairage donné, dur le plus souvent, avec des ombres dures. Ca peut correspondre parfaitement au type de photo que vous souhaitez faire. Remarquez, tant mieux, parce que vous ne pourrez pas rechercher d’autre style que celui-ci.

 


L’appareil et ses objectifs

Un des rares domaines où la justice règne en ce bas-monde, c’est celui des appareils photo et vidéo : la qualité de l’appareil et/ou de l’objectif que vous achetez est proportionnelle à la grosseur du tas de billets que vous laissez sur la table.

Bien sur, en évitant soigneusement les objectifs des grandes marques, en trouvant ZE objectif ou appareil photo d’occasion, qu’on va payer moins cher pour une différence de qualité difficile à percevoir.

Mais de bricolage, point.

 


Time is money…Réflecteurs repliables

Pourquoi le photographe d’expérience finit-il par se doter de réflecteurs repliables alors que des montagnes de polystyrène et de drap blanc lui tendent les bras ?

  • Pour le côté pratique, qui se traduit toujours par du temps gagné. Un réflecteur acheté dans le commerce, Ca se déplie en 3 secondes, ca ne pèse rien et ca tient dans un petit sac. Et avec un peu d’expérience, ca se replie aussi en 3 secondes.
  • Pour la palette de rendus que ca offre : les types de surfaces possibles vont du blanc (tons neutres), au doré (tons chauds), en passant par l’argenté (tons durs), ou le translucide (atténuation du rayonnement direct).

Time is money, le temps c’est de l’argent, mais pas seulement… Un quart d’heure de gagné sur un soleil couchant, et ce sont entre 20 et 50 bonnes photos de plus

 

« Les trucs de bricolo, ca fait pas très pro… »

Au contraire, le bricolage est un passage obligé quand on se lance dans une démarche photographique.

Refuser d’accepter les limites imposées par la technique, par les valeurs bien-pensantes de la société, par soi-même, est à la base de toute démarche créative. Un photographe n’arrive pas sur une scène sans se créer sa propre marge de manœuvre. Quelles sont les limites que je ne peux réellement pas franchir ? Qu’est-ce qui m’empêche de faire autrement ? Qu’est-ce qui est légal, qu’est-ce qui est hors-la-loi ?

 

PeleMeleFonds01

Exemples de photos faites avec fonds à 2 balles

Le bricolage permet de trouver des solutions immédiates à beaucoup de limites techniques, physiques ou financières. Si je suis trop près de mon sujet, dans un espace confiné par exemple, un bout de tissu blanc (ou un mouchoir jetable dont on sépare soigneusement les couches) posé sur le flash adoucira suffisamment le flux lumineux pour éviter de cramer le sujet.

Même bardé d’un statut de professionnel et de moyens financiers plutôt larges, un photographe sera toujours amené à bricoler. Nouveaux défis, nouvelles exigences, nouvelles limites… et nouvelles solutions.

 

En conclusion…

Le bricolage est un passage obligé, mais ce n’est pas un but en soi.

 

Quand un accessoire nous fait gagner du temps et économiser du stress, on finit par l’acheter.

Quand un truc de bricolo tient dans notre poche ou ne pèse rien, on le met dans le sac.

 

Et quand un nouveau problème vient nous titiller, on essaie de le résoudre :

– Chéri(e), tu ne saurais pas où j’ai rangé ma boîte à outils, par hasard ?

 

 

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