Aujourd’hui, je vais vous parler de la notion d’amateurisme en photo.
Je sais, je sais… Vouloir connaître l’exacte signification des mots qu’on utilise, ça fait très has-been, voire pathétique, mais ca sert quand même pas mal dès qu’on passe à l’action.
Cette notion fondamentale s’adresse surtout à ceux et celles qui se lancent dans la photo, afin de savoir où ils mettent les pieds et quel est leur vrai statut.
La réalité des choses
Je me base sur les définitions du Larousse en ligne, en ne conservant que les trucs vraiment en rapport avec le sujet :
Métier (photographe par exemple)
- Profession caractérisée par une spécificité exigeant un apprentissage, de l’expérience, etc., et entrant dans un cadre légal.
- Habileté technique que procurent la pratique, l’expérience d’une activité
- Qui exerce régulièrement une profession, un métier, par opposition à amateur.
- Qui exerce une activité de manière très compétente.
- Personne qui s’adonne à une activité artistique, sportive, etc., pour son plaisir et sans en faire profession, par opposition au professionnel.
- Péjoratif. Personne qui manque de compétence, de qualification dans ce qu’elle fait, ou qui exerce une activité sans y apporter l’application ou l’assiduité désirable ; dilettante, fantaisiste
Pour résumer en moins de 80 mots…
Le photographe professionnel exerce en toute légalité son métier, un truc qui inclue apprentissage, acquisition d’expérience, maîtrise technique et compétence.
Le photographe amateur exerce la photo en tant que loisir, donc sans le cadre légal d’une profession. Il devra en outre composer avec l’usage péjoratif du terme « amateur / incompétent / branleur », ce boulet que les âmes charitables sortiront du placard chaque fois qu’elles auront un compte à régler avec lui…
Les trucs qui sont là pour compliquer ce qui aurait pu paraître trop simple
1.- Le fric
De nos jours, tout le monde facture à tout le monde, et tout le monde vend gratuit à tout le monde.
Comment ça, je caricature ? Il est tellement tentant pour les amateurs de jouer au professionnel et de facturer –sans facture évidemment- des prestations à des particuliers. Books à 50€, mariages à 200€, en attendant les soldes à -50%…
Du coup, quelques rappels s’imposent.
Le travail, mode d’emploi
Le fait de recevoir de l’argent ou des avantages en nature de la part d’une structure ou d’un particulier, pour une prestation ou un service effectué pour son compte est assimilé à un salaire, et donc un emploi. Bien sur, cela implique déclaration à l’URSSAF, cotisations sociales et salariales, et redressement quand on se fait choper.
Et, euh, c’est valable pour les gentils photographes amateurs comme pour les sympathiques modèles ou mannequins amateurs…
Le défraiement, mode d’emploi
Le défraiement consiste à rembourser des frais engagés. C’est un mode à privilégier, car il n’est pas considéré comme une rémunération, et la prestation comme un travail.
Le défraiement sur justificatifs rééls nécessite de récupérer :
- les factures en bonne et due forme des moyens engagés (facture du billet de train, achat de l’accessoire utilisé pour la séance…),
- éventuellement le kilométrage réel et la copie de la carte grise du véhicule utilisé (en vue d’utiliser les barèmes forfaitaires de l’Etat utilisés pour le calcul des impôts).
Le défraiement sur forfait nécessite de mettre en place un système de forfait basé sur des données honnêtes et réalistes. Exemple : mise en place de forfaits de déplacement basés sur des zones géographiques (rayons de 10km / 25km / 50km autour du lieu du shooting) et un véhicule-type
Attention : masquer de la rémunération par du défraiement est susceptible d’entraîner des redressements de la part de l’URSSAF, et ca peut faire très mal, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec leurs services pour vous assurer que votre méthode de défraiement forfaitaire est correcte…
Le photographe amateur et le fric
Ne disposant pas de cadre légal et de statut officiel, le photographe amateur ne peut pas facturer de prestations (book, formation, travaux publicitaires). Une exception : la vente occasionnelle de photos d’actualité à la presse.
Au pire, il pourra se faire défrayer, en prenant bien soin de conserver les preuves des dépenses engagées.
2.- Le statut
Vous avez débuté avec ce statut à moitié honteux sur le dos d’amateur débutant. Mais vous vous êtes accroché, avez suivi des stages, avez shooté, analysé, pleuré, reshooté, acheté du matériel, reshooté… et ainsi de suite jusqu’à ce que votre production tienne vraiment la route
La vie n’est décidément que contrariétés : après tous ces efforts, ces privations, ce temps passé, vous venez de faire une amère découverte…
Faire des photos magnifiques avec une qualité professionnelle ne vous permet pas de vous réclamer professionnel de la photo !!!
En plus, vous connaissez des photographes professionnels pas bons du tout…
Soit… et alors ?
Vous êtes bien un photographe amateur, au sens de la loi d’abord, et au sens commun ensuite. A ce titre, la photographie est considérée comme un loisir pour vous, peu importe le temps et l’énergie que vous y consacrez, simplement parce que ca n’est pas votre profession.
Vous pouvez cependant compléter votre statut par un qualificatif complémentaire.
Débutant, averti, apprenti, expert, confirmé… Essayez d’estimer votre juste valeur photographique et de coller dessus le qualificatif qui va bien.
Un statut clair n’est pas tout, mais il n’est pas anodin non plus : il fera partie de votre façon de vous présenter, ou de la façon dont on vous présentera. Croyez-moi, ca vaut le coup de prendre un peu de temps pour y réfléchir…
En conclusion : euh, je fais quoi, maintenant ?
Ne vous focalisez pas sur ce que vous avez été : il faut savoir reconnaître quand on a évolué -,
Ne vous focalisez pas non plus sur ce que vous souhaitez être : tant que la photo n’est pas dans la boîte, elle n’existe pas…
Assumez simplement le statut et le niveau de photographie qui sont les vôtres.