Les univers de papier – Legs that dance to Elmer’s tune

Les univers de papier, c’est une petite réflexion sur quelques bouquins que nous avons dans notre bibliothèque, et leur influence possible sur des univers photographiques. 

Aucune prétention pseudo intellectuelle ou universitaire en la matière, j’explique juste pourquoi je les aime. 


Le livre du jour : Legs that dance to Elmer’s tune

Euh, c’est qui l’éditeur de ce truc, au fait ?


Parti d’une petite boutique de comics en 1980, Benedikt Taschen, à force de flairer les bons coups, entre livres d’art classiques et ouvrages beaucoup plus rock’n’roll est devenu une institution.

Cet éditeur allemand a désormais un catalogue impressionnant : Art, BD, Graphisme, Cinéma, Photo Pop culture, Sexy voire sexy hard, et j’en passe… Ajoutez à ça un mix de beaux livres plein format et de petits formats souples qui permettent des prix raisonnables, et vous comprendrez pourquoi on les retrouve partout.

Pour le coup, le bouquin que je vous présente n’est plus édité depuis longtemps…

 

Bon, c’est quoi alors, c’est quoi ce bouquin sur les jambes, Général LaGuarda ?


Legs that dance to Elmer’s tune est un ouvrage consacré aux photos d’Elmer Batters. L’ouvrage a été publié en 1997, il n’est plus disponible qu’en occasion.

 

Le bouquin, à quoi ca ressemble…

Legs that dance to Elmer’s tune est un pavé de 268 pages, en 27,5cm x 34,5cm, pour pas loin de 3 kg. La couverture est cartonnée et revêtue d’une sorte de velours. Le papier est épais et satiné. L’ouvrage était vendu à l’origine enveloppé dans un bas nylon.

C’est en anglais et allemand. Si vous n’êtes pas doué pour les langues, vous n’avez besoin finalement que de kidnapper un seul touriste…

Et bon, le titre signifie « les jambes qui dansent sur l’air d’Elmer

 

Le bouquin, c’est quoi qu’il y a dedans……

En dehors de la préface et d’une conclusion en 2 pages par Benedikt Taschen himself, pas d’autre texte : c’est un vrai livre d’amoureux de la photographie où vous ne trouverez que des photographies.

Comme nous nous situons dans les années 50-60, nous allons retrouver une majorité de noirs et blancs. L’occasion aussi de retrouver les teintes des photos couleur de l’époque.

 

Et pourquoi il a atterri dans ta bibliothèque, au fait ?


Elmer Batters, une référence des fétichistes des jambes et des pieds enveloppés de nylon…

Bon, quand on parle de films cultes  avec héroïnes à gros nichons, on pense de suite Russ Meyer. OK, je réduis terriblement le truc pour mon propos, mais promis, je ferai un petit article sur Russ Meyer et tout ce qu’on peut découvrir derrière ces énormes bonnets…

Ben quand on parle de fétichisme de jambes, pieds et nylon, Elmer Batters est une des références incontournables.

Elmer Batters est né en 1919 dans le Wisconsin. Il sert dans la Navy durant la deuxième guerre mondiale. C’est à son retour qu’il commence à se faire un nom, comme photographe de charme, un photographe qui se focalise très vite sur les pieds et les jambes gainées de nylon de ses modèles.

Sa production principale se fera dans les années 60, où il travaillera très régulièrement pour des magazines comme Leg-O-Rama, Nylon Doubletake ou encore Black Silk Stockings.

Il meurt en 1997, quelques jours avant que Benedikt Taschen ne puisse lui apporter en personne le premier tirage de l’ouvrage que je vous présente ici…


Le travail d’Elmer Batters – les modèles

Une des caractéristiques d’Elmer Batters, c’est qu’il n’a pas d’exigence particulière sur le physique de ses modèles. Nous allons donc trouver beaucoup de femmes bien en chair, très naturelles, à la sensualité souvent agressive et pas forcément toujours très jeunes.

Après tout, nous sommes au sortir de la seconde guerre mondiale. Le marché de la photo de charme de l’époque est aux antipodes de l’idéal américain chic, propre et puritain…

D’autant plus qu’Elmer Batters expose souvent ses modèles sans pudeur aucune devant son objectif.

 

Le travail d’Elmer Batters – les compositions

Elmer Batters évolue perpétuellement entre portraits en pied (corps entier) et détails. Une analyse plus fine des compositions nous montre que, hormis sur quelques rares photos où cela n’est pas évident, le photographe reste focalisé sur le placement des jambes et des pieds des modèles/

Souvent, les pieds se montrent aussi obscènes que les poses que prennent les filles. Il ne suffit pas à ces dernières d’écarter les jambes, encore faut-il que leurs pieds soient cambré, leurs orteils bien écartés… Puis les jambes montrent au créneaux, tracent leurs triangles, se tordent aussi autour de toisons luxuriantes…

 

Le travail d’Elmer Batters – l‘anti porno-chic à l’assaut de l’American way of life

Bon, là, on n’est pas dans les codes du porno-chic.

Rappel pour ceux qui ont loupé les 20 dernières années de vie sur Terre : le porno-chic tel qu’on l’appelle aujourd’hui représente une évolution prise par une partie de l’industrie de la mode aux alentours de l’an 2000. Prêt-à-porter , parfum… le porno-chic envahit lentement mais surement magazines et médias. Et avec Richard Kern et Terry Richardson, il prend vite une odeur de soufre… Vous l’avez compris, ce qui caractérise le porno-chic, c’est la qualité magazine/publicité de la réalisation du truc…

Donc, porno-chic bye bye. Ici, nous avons des jambes écartées sur des sexes et des anus visibles, et une grivoiserie assumée sur les visages, le tout sur de vraies photos argentiques. Un vrai regard sur les pieds et jambes, mais un vrai regard aussi sur cette vraie Amérique qui n’apparaît nulle part ailleurs que dans les magazines pour pervers et dépravés (dixit les bonnes gens). Cette Amérique d’excès, qui sexualise les symboles de l’american way of life de l’après-guerre et remplace ses gentilles ménagères par des strip teaseuses obscènes et bien en chair…

Le plutôt drôle en fin de compte ? La production d’Elmer Batters, sexuelle, sensuelle, directe et crue dans son rendu, a toujours été considérée comme pornographique par la société américaine. Des femmes provocantes, jambes et fesses écartées sur monts et merveilles touffus, auquel Elmer rajoutait une ou plusieurs pincées de cette perversion qu’est le fétichisme des pieds, jambes et nylon… Mais maintenant que Terry Richardson, le hard gonzo et les sex-tapes sont rentrés dans nos vies de tous les jours, cette production a enfin sa place sur les étagères des livres de photographie..

Et on en tire quoi, finalement ?


Beautés naturelles

Pas de chirurgie esthétique, pas de nymphettes longilignes ou de fitness girls aux popotins calibrés comme des oeufs de super marché. Les physiques sont naturels, pulpeux, imparfaits comme quand on vient au monde, et Elmer Batters en tire pourtant sa propre symphonie à la sexualité fétichiste…

Voila un véritable travail de photographe, à chaque modèle ses angles de vue, ses vérités photographiques, sa beauté révélée.

La passion

Ce ne sont ni le côté vintage, ni la sexualité épanouie qui font que ces photos traversent les âges et véhiculent  la légende Elmer Batters.

Un feuilletage rapide et régulier de l’ouvrage nous permet de mettre le doigt dessus. Portraits en pied, rapprochés ou détails, on retrouve partout cette passion, cet appétit dévorant pour son sujet de prédilection. Et finalement, on réalise ce qui se cache sous la surface de ces clichés. Les modèles, aussi provocantes, impudiques ou charmantes, ne sont que les alibis pour présenter et mettre en valeur correctement pieds et  jambes…

 

 

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